Train to Nowhere
Photos by Thomas Latrille.
Voici un texte écrit par mon ami, MLP, qui a été inspirée par les photos de cette séance photo:
Il y a des années j’ai pris quelques photos que je veux vous montrer. Elles sont hot, mais inquiétantes, mais hot. Et je veux vous les montrer. Mais pas tout suite. Si vous les voyez trop tôt, vous allez penser qu’elles sont hot. Et bon, elles y sont. Mais une fois que vous m’écoutez, vous allez penser qu’elles sont inquiétantes aussi.
Je suis ingénieur, vous voyez? Évidemment, pas français. J’ai pas la grammaire. Pas l’accent. Pas le vocabulaire. Quand j’étais petit j’aimais déjà les trains. Et quand j’ai grandis, je suis devenu ingénieur ferroviaire. Ingénieur ferroviaire dans un pays avec presque pas des trains. Après je suis parti de mon pays et arrivé en France.
Je ne travaille pas pour la SNCF. Je travaille pour quelqu’un qui travaille pour quelqu’un qui a un contrat avec la SNCF. Je travaille sur voies mortes, avec des trains qui fonctionnent pas. Je fais des tests. Je remplis des rapports. Après mes rapports, quelqu’un décide si ce train va être réparé ou détruit.
Je travaille en Île-de-France, mais pas toujours dans le même coin. Je change souvent de lieu. Je travaille seul et je me déplace en voiture d’entreprise. Pendant la journée les voies mortes sont en utilisation, entrées et sorties des trains endommagés et réparés, arrêts des trains de marchandises… Donc je travaille la fin de l’après-midi et le soir. Et je dors le matin. Parfois peu, parce que je profite le matin aussi pour parler avec ma famille.
Pendant le dernier mois j’ai travaillé sur une voie morte au milieu d’une petite forêt. Le premier jour de travail je l’ai vue pour première fois. Je ne voyais plus bien à l’intérieur du train, je regardé ma montre pour confirmer que le coucher du soleil était proche, et je suis allé chercher une petite lanterne dans ma voiture. J’ai fermé le coffre, et je l’ai vue, assise sur le chemin de fer. Haute, blonde, peau blanche mais pas pâle, joues légèrement rosés, les yeux bleus, un regard électrique. Elle avait l’air d’être désorientée. Moi j’étais franchement flippé: il y avait personne avec moi, et je me tourne et il y a une nana assise sur la voie avec une tête d’être en train de se récupérer après un blackout.
Je m’approche : « Bonjour, madame. Est-ce que vous êtes bien ? Vous avez besoin de l’aide ? ». Elle dit rien et commence à se mettre debout. Je pense qu’elle peut tomber, et j’essaie de l’aider, mais quelque chose, une sorte de force qui serre mon bras, m’empêche de la toucher. Donc, je continue à parler : « Est-ce que vous savez où vous êtes ? Est-ce qu’il y a quelqu’un avec vous ? Est-ce qu’il faut que j’appelle la police ? ». Pendant que je parle, elle sourit, ses mains jouent avec ses cheveux, ses lèvres, sa robe…
Après, soudainement, elle se tourne et marche vers les trains. « Madame, vous êtes dans une installation technique de la SNCF, l’accès au public est interdit ». Elle se met à côté d’un des trains, et elle ouvre les boutons de sa robe. Je me rends compte que la nana a des tatouages partout. J’étais flippé mais, au même temps, je dois dire que je commençais à avoir des troubles sous mon pantalon. En tout cas j’arrêtais pas de penser qu’il avait un risque sérieux de finir accusé d’enlèvement ou même de viol.
Elle n’avait pas ce type de soucis : elle arrêtait pas de caresser ses seins, son ventre, ses jambes… je pouvait pas arrêter de regarder, je me sentais hypnotisé. À un moment donné, j’ai regardé ses yeux, et quelque chose m’a bouleverse le corps. À partir de ce moment, elle touchait son corps avec ses mains, et je sentais le toucher sur les miennes. Son corps s’est bouleversé aussi, sa respiration est devenue plus forte.
Sans enlever son soutif, elle a pris ses seins et joué, avec mes doigts à travers de ses doigts, sur ses tétons. Ses mains ont descendu au long de son ventre, et sont passées sous sa culotte. C’était pas moi qui dirigeait ses mains ni ses gestes, mais mes mains sentaient son corps chaud, sa peau douce, les lèvres humides, son pulse accéléré, les cycles de tension et relâchement qui accompagnent chaque orgasme.
Je pouvais pas croire. J’ai fermé mes yeux un moment pour vérifier que c’était pas un rêve, et quand je les ai ouvert elle avait disparu. J’ai regardé ma montre : j’avais l’impression d’avoir passé une heure ou même plus avec la nana, et il faisait moins d’un quart d’heure que j’avais pris la lanterne. J’ai bu de l’eau, et essayé de continuer mon travail, pensant que c’était une hallucination à cause d’une manque d’hydratation et de sommeil.
Mais non, c’était pas ça. Les jours suivants, chaque jour pendant un mois, j’ai eu une rencontre similaire avec la même nana. Elle apparaissait allongée sur le chemin de fer, elle s’asseyait, elle se mettait débout, son regard m’hypnotisait, et à partir de ce moment ses mains étaient les miennes. Chaque jour j’ai essayé de parler avec elle : « Je croyais que vous étiez une hallucination », « Je crois que je peux te tutoyer », « Comment tu t’appelles ? », « Est-ce que tu es une fantôme ? »… Mais elle répondait jamais.
Hier était mon dernier jour à cet endroit. J’ai porté mon appareil photo. Je lui ai expliqué : « Aujourd’hui c’est mon dernier jour ici. La prochaine fois qu’il y a des trains ici c’est probablement quelqu’un différent qui va venir, donc aujourd’hui on se dit au revoir. Maintenant je suis sûr que je suis pas fou, mais peut-être à partir de demain je vais douter de moi même. Donc, je voudrais prendre quelques photos de toi, comme preuve pour moi même, et souvenir de ce mois incroyable». Comme toujours, elle n’a rien dit. Elle a répété ses gestes, et j’ai pris les photos que je veux vous montrer.
Comme j’étais concentré sur l’appareil, ses yeux ne m’ont pas hypnotisé, et donc ce dernier jour mes mains n’ont pas senti le toucher de son corps. Chaque soir je me dit que j’ai sacrifié un jour de plaisir pour mes mains à fin d’avoir toute une vie de plaisir pour mes yeux. Et chaque soir je me demande si ça vaut le coup. Je vous montre les photos pour savoir qu’est-ce que vous pensez.